La mort et le deuil

La mort, un passage

La mort ne devrait pas nous faire peur. Elle ne devrait pas être tristesse, manque et désolation. Quand notre conscience est restreinte au monde physique terrestre dans lequel nous vivons, empreint d’attachement, la mort est terrifiante parce qu’elle signe la fin. Ce qu’il faut comprendre c’est que la fin n’existe pas.

 

Mourir, c’est naître à une autre dimension.

 

La mort

 

Entrer dans l’inconnu, perdre qui nous sommes, perdre un être cher, voilà les peurs et les souffrances associées à l’illusion de la mort.

Tout le monde a ses propres croyances sur la mort et tout est juste. Mais nous devons accepter de ne pas savoir avec certitude ce qu’il y a après la mort.

Par contre, il est vrai que nous avons des indices qui nous donnent un aperçu de ce qu’est la mort, surtout lorsque la conscience s’éveille. En fonction de nos expériences personnelles profondes, on peut en saisir le sens. 

Peu importe nos croyances, les moyens à prendre pour aller vers l’acceptation de la mort sont les mêmes. Plus tôt nous prenons ce chemin et mieux nous seront préparés à vivre notre propre mort et celle de nos proches. 

 

Le jour où ma mère est morte, j’ai écrit dans mon journal : « Un très grand malheur s’est produit dans ma vie. » J’ai souffert pendant plus d’un an après le décès de ma mère. Mais un jour, tandis que je dormais dans la hutte de mon ermitage sur les hauts plateaux du Vietnam, j’ai rêvé de ma mère. Je me voyais assis en train de lui parler, et c’était merveilleux. Elle avait l’air jeune et elle était très belle avec ses cheveux ondoyants. C’était un réel plaisir d’être assis avec elle et de lui parler comme si elle n’était jamais morte. Quand je me suis réveillé, il était deux heures du matin et j’ai eu la sensation très forte que je n’avais jamais perdu ma mère. L’impression que ma mère était toujours en moi était très claire. J’ai compris alors que l’idée d’avoir perdu ma mère n’était qu’une idée. Il était évident à cet instant que ma mère était toujours vivante en moi.

J’ai ouvert la porte de ma hutte pour aller marcher un peu. Ma hutte était située derrière le temple, à mi-hauteur des collines qui baignaient dans la lumière du matin, couvertes de plants de thé. Éclairé par la lune, je me suis mis à marcher lentement à travers les plantations et j’ai remarqué que ma mère était toujours en moi. Elle était le clair de lune me caressant comme elle l’avait fait souvent, très tendrement, très doucement…

C’était merveilleux ! Chaque fois que mes pieds touchaient la terre, je savais que ma mère était là avec moi. Je savais que ce corps n’était pas uniquement moi mais qu’il était aussi une continuation de ma mère et de mon père, de mes grands-parents et de mes arrière-grands-parents. De tous mes ancêtres. Ces pieds que je voyais comme étant « mes » pieds étaient en fait « nos pieds ». Ma mère et moi laissions ainsi l’empreinte de nos pas sur le sol mouillé.

Dès lors, l’idée que j’avais perdu ma mère a cessé d’exister. Il me suffit de regarder la paume de ma main, de sentir la brise sur mon visage ou la terre sous mes pieds pour me souvenir que ma mère est toujours en moi et que je peux la contacter à tout moment.

Thich Nhat Hanh

Dès qu'on naît, on commence à mourir.

On devrait commencer à se familiariser dès notre jeune âge à l’idée de la mort. De nos jour, on cache la mort, on ne veut pas la voir. On veut rester dans le déni de son existence. Mais de faire cela amène les gens à vivre des deuils souffrants parce que les gens ne sont pas outillés pour les gérer. Se familiariser avec la mort ne veut pas dire de perdre sa joie de vivre, au contraire. En apprivoisant la mort, on peut mieux apprécier la vie et comprendre que nous devons profiter de chaque instant. 

La peur de la mort amplifiée par des croyances imposées

Certaines croyances sont inculquées aux enfants et cela va influencer leur relation à la mort. Par exemple, les notions de paradis et d’enfer. Comme personne n’est parfait, tout le monde se voit exposé au risque de devoir endurer les souffrances de l’enfer pour l’éternité. Ça ne donne pas envie de mourir n’est-ce pas? C’est également très culpabilisant et renforce la notion de jugement. On se sert de la peur de Dieu comme moteur pour servir le bien. C’est malsain d’alimenter volontairement la peur. 

Pourquoi on ne dit pas simplement qu’on ne sait pas ce qu’il y a de l’autre côté de la mort? On en a une idée personnelle mais je pense qu’il faut l’enseigner en laissant la place aux autres possibilités. Chaque personne peut alors ressentir les explications qui lui parlent et elle pourra choisir ce qu’elle veut intégrer en elle. Et ces explications ne devraient pas être engluées dans la peur, mais imprégnées d’amour. 

 

La sagesse: savoir ne pas savoir.

La sagesse c’est de savoir et d’accepter qu’on ne sait pas. La faiblesse c’est de vouloir se réconforter dans des croyances.

Ce qu’on pourrait faire:

  • Parler et expliquer la mort aux enfants en partageant avec eux de belles visions de la mort. Leurs dire qu’on ne sait pas avec certitude mais que nous avons une croyance personnelle. Leur expliquer les autres croyances qui existent. 
  • Rendre nos rituels de la mort plus joyeux et cesser de voir la mort comme une catastrophe. Faire participer les enfants à ces cérémonies inspirantes et positives. 
  • Apprendre le détachement aux chose et aux personnes. Peut-on aimer dans le détachement?
  • Profiter le plus possible de notre vie pour ne pas avoir de regrets. Ne pas gaspiller notre temps précieux. 

La mort est un processus naturel, quand le moment est arrivé, il faut s'y abandonner.

Tous les événements naturels de notre vie se passent mieux et plus en douceur, lorsqu’on ne résiste pas au processus.

Quand on arrive à l’acceptation de la mort, on peut vivre ce moment dans une grande paix. Les douleurs et les souffrances sont alors moins grandes puisque l’énergie n’est pas emprisonnée mais s’écoule librement. 

Un processus énergétique complexe se met en place au moment de la mort. Ce processus est plus long que seulement le moment où la respiration s’arrête. Il débute avant la mort physique et se poursuivent après l’arrêt du coeur. La vitesse du processus varie en fonction de la cause de la mort. 

Quand on résiste au processus, on constricte son déroulement et on le rend moins fluide. 

Le deuil

Le deuil

Le deuil n’est pas seulement en lien avec la mort physique.

Le deuil, ce sont des étapes par lesquelles passe une personne pour réussir à lâcher-prise sur la perte de quelque chose qui est important pour elle et sur lequel elle a un fort attachement.

Plus la conscience est éveillée et plus rapidement on peut passer à l’acceptation de la perte parce qu’on comprend le sens de l’épreuve et qu’on sait que cette perte est en réalité une illusion.  

Pour faciliter les deuils, il faut nous libérer de nos attachements.

Les étapes du deuil selon

Elizabeth Kubler-Ross

  • Le déni
  • La colère
  • Le marchandage
  • La dépression
  • L’acceptation

Ces étapes ne se vivent pas forcément dans l’ordre mentionné ci-haut et certaines étapes peuvent ne pas être vécues. L’idéal est de pouvoir se rendre à l’étape de l’acceptation mais il faut accepter que chaque personne chemine à son rythme. On ne peut pas forcer les étapes, on ne peut que les accueillir et les accompagner. 

Exercice sur l'attachement

Je t’invite à écrire les attachements que tu as dans cette vie.

Si tu devais mourir demain, quelles sont les choses ou personnes auxquelles tu es attaché et qui t’empêcheraient de partir en paix?

Se connecter à son âme peut aider à cheminer dans un processus de deuil

 

En te connectant à ton âme tu pourrais avoir accès à des dimensions autres et à d’autres réalités qui pourraient te réconforter. 

Pour te connecter à ton âme, tu peux:

  • Méditer
  • Faire des activités: marcher en forêt, faire de l’art,…
  • Vivre la réalité du rêve en conscience

S'accrocher à la vie à tout prix

Vouloir à tout prix rester en vie est une pulsion primitive programmée dans nos cellules depuis notre naissance. C’est une pulsion qui se veut vitale, comme de manger jusqu’à éclater, se reproduire avec tout ce qui bouge et défendre son territoire, ses biens coûte que coûte.

Lorsque la conscience s’éveille au dessus de la biologie primaire, quelque chose de fantastique se produit. On devient capable de regarder ses pulsions avec compassion et de s’en détacher graduellement.

On en arrive aussi à voir la mort différemment. Nous sommes nés avec une pulsion de protéger notre vie parce qu’autrement on mourrait trop rapidement et on ne pourrait pas apprendre de l’expérience humaine. Quand la conscience demeure emprisonnée, la peur de la mort nous pousse à des souffrances et des résistances inutiles. Simplement par manque de conscience.

Cette semaine, à l’hôpital, j’ai vu des choses tristes. Des patients qui s’accrochent à la vie tellement fort que leurs mains en saignent. Et des médecins qui les aident à se battre tristement contre le désir de leur âme. Quand l’âme décide de partir, l’appel est si grand et si fort qu’il est ridicule de ne pas l’écouter. Mais la peur empêche le coeur de l’entendre. La peur crispe et cette résistance n’amène que des souffrances inutiles. Et les gens pleurent en se demandant pourquoi cela leur arrive, alors qu’ils devraient simplement accepter, s’abandonner et faire confiance. S’ils doivent se battre, ils le sauront. S’ils doivent se laisser aller, ils le sauront aussi. Mais il ne faut pas laisser la peur guider ce choix fondamental.

La mort est un beau processus et on devrait se réjouir quand quelqu’un quitte, on ne devrait pas pleurer. Quand on pleure, c’est nous que nous pleurons, nous pleurons notre condition humaine. C’est pourquoi on doit la transcender. On doit apprendre à mourir avant la mort même et alors nous saurons que nous n’avons rien à craindre.

Btissama

La mort d'un enfant

C’est très dur de voir un enfant se battre pour sa vie ou même mourir et c’est très difficile d’y trouver un sens. Beaucoup de choses nous échappent dans cette immensité. Mais la mort est la même pour tous, peu importe l’âge. Et la valeur d’une vie ne réside pas en sa durée. C’est dur pour un parent et c’est l’attachement qui fait souffrir. J’ai conscience chaque jour que je pourrais perdre mes filles. Si c’était leur chemin de partir, je devrais aussi l’accepter. J’aime leur être de chair autant que leur âme. Mais je sais que leur âme est libre et que mes enfants ne m’appartiennent pas. Ils doivent vivre leurs épreuves et moi les miennes à travers elles. Je les soutiens mais je ne pourrais pas les dévier de leur chemin. 

Btissama

Une veuve a perdu sa fille de douze ans: « Depuis sa mort, je ne puis plus retrouver la paix. Elle était tout ce que j’avais, si belle et si pleine de promesses. Pourquoi devait-elle me quitter? Je veux que mon enfant revienne. Que dois-je faire? »

Mâ: tout d’abord, votre chagrin provient de ce que vous pensez: Moi, Je. Vous dites: « MA fille est morte » et vous souffrez. Mais qui êtes-vous? Découvrez-le! Elle était le fruit de vos entrailles, et tant que vous vous identifierez avec le corps, vous aurez de la peine. C’est inévitable. Beaucoup de garçons et de filles meurent aussi, jeunes et beaux, sans que cela vous affecte profondément. Seulement vous pensez que cet enfant était le vôtre et que vous l’avez perdu.

Comment savez-vous que votre fille n’est pas beaucoup mieux là où elle est maintenant? Que d’ennuis et de chagrins la vie ne vous a-t-elle pas apportés! En auriez-vous souhaité autant pour votre enfant?

Et puis, au niveau où il n’y a plus que le Soi, la question de naissance et mort ne se pose plus. Qui naît? Qui meurt? Tout est l’Un. Ce même esprit qui s’identifie au corps peut être tourné vers l’Éternel, et à ce moment la douleur éprouvée par le corps ne nous atteint plus. Puisque le corps doit forcément souffrir parfois, l’on souffrira tant que l’on s’identifie à lui.

Quelques mois plus tard, la femme revint, rajeunie: « j’ai surmonté mon chagrin. » Lorsque Mâ m’a dit: « Moi je suis votre enfant, sa voix était la voix de ma fille. J’ai la conviction que mon enfant est heureuse là où elle est. »

Mâ Ananda Moyi